«Instinctivement, j'ai toujours été portée vers la musique des Noirs américains, indique Nadja. Je n'ai pas été élevée dans la musique, mais il y avait une cassette de Stevie Wonder chez nous et je trouvais qu'il se passait quelque chose là. [...] Quand on allait à la bibliothèque municipale pour emprunter des disques, je choisissais toujours les pochettes où l'on voyait des artistes noirs!»
Lorsqu'on prête l'oreille à la voix chaleureuse et puissante de Nadja Tanguay, on s'étonne de ne pas l'avoir entendue plus tôt. La principale intéressée l'admet, elle a commencé sur le tard. Certes, elle avait envie de se faire valoir et elle s'était rendu compte de son talent, mais la religion à laquelle elle appartenait lui interdisait de se produire en public.
«Je ne pouvais pas vraiment chanter. Il y avait une zone grise par rapport à l'interprétation du répertoire profane. Pour moi, c'était un gros dilemme, car c'était très mal vu : j'ai été réprimandée devant la congrégation. Ça m'a vraiment mis les bâtons dans les roues, mais j'avais le désir de plaire à Dieu...»
Vers l'Asie
Bien qu'elle commence à peine à se faire connaître chez nous, Nadja n'en est pas à ses premières armes. Au milieu des années 90, quittant le Lac-Saint-Jean en même temps que sa communauté religieuse, elle s'établit à Montréal. Non loin de sa résidence se trouve un piano bar qui, la semaine, fait place à un karaoké. Elle ne tarde pas à y prendre le micro et à se faire remarquer. À partir de 1997, la musique devient son gagne-pain, puis, un peu plus tard, un musicien la convainc de se joindre à son groupe pour une série de contrats en Asie. L'aventure qui ne devait durer que six mois à Hong Kong, Taiwan et Singapour se sera étirée sur six ans...
Nadja a beau avoir chanté pour la royauté thaïlandaise et des personnalités telles que Jean-Claude Van Damme ou Yannick Noah, elle estime avoir passé un peu trop de temps en Asie. N'empêche, à son retour, elle ne passe pas inaperçue. En 2006, Mario Pelchat l'approche en vue de devenir son producteur. Comme il a plusieurs projets en route, ce n'est que cet automne que l'album solo de Nadja voit le jour.
«J'avais tellement chanté toutes sortes de styles avec les années qu'il fallait trouver une direction musicale, explique-t-elle. On a essayé plein de choses pour finalement revenir aux sources, avec ce qui me fait vibrer : le R&B.»
Selon Nadja, il est encore trop tôt pour parler véritablement de tournée. Cependant, la chanteuse ne perd pas son temps. Elle songe déjà à ce que sera son prochain album et noircit du papier, afin de voir si l'auteure en elle se manifestera... «Je suis une interprète qui aimerait beaucoup écrire. Je pense que je suis capable, mais je veux que ce soit bien. Pour l'instant, ce n'est pas ma plus grande force», conclut-elle, modestement.